De Briançon à Grenoble en passant par Gap

 

Non, ce n’est pas un article pour la défense de la ligne TER … quoi que … ça aurait pu …
Oui, c’est un article pour la défense de la solidarité, 05 – 38 même combat.

L’Italie n’est qu’à quelques kilomètres de Briançon en passant par le col de l’Echelle, à 1762 mètres d’altitude, ou de Montgenèvre, à 1850 mètres d’altitude. Des migrants voulant fuir l’inhospitalière Italie n’hésitent pas à emprunter ces chemins montagneux pour passer en France, malgré le froid et la neige qu’ils ne connaissent pas, ne connaissant pas non plus les lois françaises sur l’inviolabilité de la frontière pour les non européens.

Des habitants du Briançonnais ne supportent pas l’idée que des gens puissent mourir dans l’indifférence générale des autorités gouvernementales, policières ou douanières ou sous les applaudissements des membres du groupuscule « génération identitaire » qui avait bloqué l’accès au Col de l’Echelle. Ces habitants organisent des maraudes pour retrouver les migrants perdus dans la neige et les sauver de gelures gravissimes ou même de la mort.

Deux d’entre eux, Kevin et Pierre, se sont fait prendre par la patrouille. Les gendarmes les ont arrêtés à quelques jours d’intervalle avec des migrants à l’intérieur.de leur voiture. Ils ont beau affirmer les avoir fait monter quand ils étaient déjà du côté français, ils sont accusés « d’aide à l’entrée de personnes en situation irrégulière sur le territoire français ».

Les voilà convoqués au tribunal de Gap. En janvier, Kevin écope de 4 mois de prison avec sursis et Pierre à 3 mois. Tous les deux font appel et la cour d’appel est … à Grenoble.

A Grenoble, la mobilisation va bon train dans tous les milieux solidaires, l’Apardap est bien présente. Des rassemblements sont organisés devant le tribunal pour soutenir Kevin et Pierre, le premier le 2 octobre, le second le 24. Ce sont des succès malgré les heures de convocation incompatibles avec des horaires de travail et, pour le 24 octobre, en plus pendant les vacances scolaires.

A chaque fois plus de 300 personnes se pressent devant le tribunal, la salle d’audience étant déjà pleine à craquer. Des prises de paroles, des chants, des visites aux stands pour se renseigner et soutenir et même le 24 un formidable concert de la Batukavi des enfants de La Villeneuve font agréablement patienter. Ce 24, précédant le rassemblement, une manifestation partait de la gare pour dénoncer la mise à la porte des foyers et des familles d’accueil des jeunes dès leur 18 ans et le non hébergement de personnes dormant sous des tentes non loin de la gare. Les jeunes migrants s’étant constitué en collectif ouvraient la manif.

Faire du bruit, chanter, crier, manifester, discuter, permettait d’attendre la sortie des maraudeurs. Le 24 on apprenait que la peine de Kevin était divisée par deux, mais il était quand même condamné à deux mois avec sursis pour : « délit d’aide à l’entrée et refus d’obtempérer ». Comment montrer que les migrants ont été secourus lorsqu’ils étaient déjà en France ?

Pour Pierre, Les juges ont accepté de visionner une vidéo tournée sur place par des journalistes italiens. Vont-ils en tenir compte ou suivre les dires du procureur affirmant que cette vidéo n’était pas une preuve ? Bonne nouvelle, Pierre a été relaxé jeudi par la cour d’appel de Grenoble jeudi 21 novembre

Rappel : suite à une question prioritaire de constitutionnalité rendue par le Conseil constitutionnel en juillet 2018 : Interdire l’aide à la circulation d’un étranger en situation irrégulière est contraire à la constitution et à son principe de fraternité lorsque cette aide est motivée par un but humanitaire

Simone Targe
Accueillante à l’Apardap